Pour en revenir au sujet, la vente d'avion, c'est une tendance que je remarque également de ce coté de l'Atlantique, il y a beaucoup d'avions à vendre et peu d'acheteurs, c'est pas bon signe pour l'avenir de notre petite aviation...
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Les vieux pilotes c'est un devoir d'initier et conseiller les nouveaux pilotes dans notre activité, sans quoi cette façon de voler (pilotes des champs va disparaitre), il faut détecter les passionnés ceux qui vont rester longtemps dans cette activité. S'investir plusieurs années avec un nouveau qui lâche après quelques années, c'est un peu comme un échec personnel... André
Merci pour ton message André. Je me permets de te répondre du côté des « jeunes ».
Avec mes 35 ans, je suis presque toujours celui qui a le moins de cheveux gris quand on organise des rencontres du chapitre EAA local (le RSA suédois). C'est un fait que la population des constructeurs amateurs/pilotes de homebuild en Suède est à 98% des hommes et que la moyenne d'âge dépasse 60 ans. Je serai étonné que ce soit très différent en France ou en Amérique du Nord.
Cela n'est en rien rédhibitoire et j'ai le plus grand respect pour le savoir et l'expérience, je cherche à l'acquérir aux côtés de ceux qui savent et ce forum est une source intarissable de bons tuyaux.
Mon cas est peut-être un peu compliqué par le fait que je vive dans un autre pays que la France et que les Suédois sont d'un naturel assez réservé et peu liants. Soit.
Mais ce qui est dommage, c'est que j'ai cherché par des annonces, contacts…à acheter d'abord une part dans un avion de construction amateur en disant en résumé « je veux apprendre à tes côtés tout de l'avion que tu as construit avec patience , laisse-moi t'aider financièrement et en temps passé au hangar à le maintenir en état de vol et j'en prendrais le plus grand soin. » C'était un non dit mais aussi « Puis un jour tu céderas ta monture à quelqu'un que tu connais plutôt que de laisser ta famille le brader à vil prix ».
Je me souviens d'un post d'André qui disait que les veuves bradaient en général l'avion qui avait pris tant de temps de leur vie commune. Pire encore s'il va pourrir dans un hangar…
Il y a en Suède plus de 550 appareils homebuild en état de vol (certificat de navigabilité valide et à jour), je ne peux pas croire que personne ne sente l'âge venir, l'envie de voler baisser à cause de considération pratiques (tirer l'avion, se contorsionner sous les trappes de visite…) et avec lui le risque de perdre le médical.
Pensez-vous que j'ai eu l'embarras du choix ? J'ai eu deux contacts en tout , un pour un avion basé à 500 km de chez moi et un autre concernant un Paris-Nice mais le type a raccroché rapidement une fois que je lui ai dit que mon accent était français et pas danois…Xénophobie ordinaire des pays scandinaves ?
Je pense ensuite au mal que j'ai eu à trouver un mécano pour le contrôle de corrosion obligatoire tous les cinq ans (personne au chapitre EAA ne m'a répondu ou alors des mécanos qui ont fermé leur boutique des années auparavant). Il faut que chacun se pose la question de savoir comment transmettre la passion et le patrimoine ? Savons-nous bien accueillir les nouveaux venus, pilotes « de ville » ou néophytes qui font des grands yeux et ne te crois pas quand tu dis que l'avion a été construit par un amateur ?
Du coup, l'histoire s'est bien terminée puisque j'ai acheté un Jodel suédois pour une bouchée de pain car le même problème de marché morose existe ici, voir pire avec à peine 4000 pilotes privés à jour de licence en Suède. Tout le monde ne veut pas voler dans un homebuild, encore moins en posséder un. Bien sûr, c'est long de se construire un savoir-faire mais je suis patient et je cherche toujours un équilibre avec la vie familiale.
Le Jodel ne doit pas être une source de tension avec mon épouse, il demande déjà un sérieux morceau des finances familiales alors il faut que ca reste un plaisir.
C'est quelque chose que certains « anciens » du club ont parfois du mal à comprendre. Si tu vis dans un couple de trentenaires avec deux enfants avec deux jobs à temps plein et a peu près le même salaire, tu ne peux pas passer tous tes week end au hangar ni mettre toute l'épargne familiale dans ton avion. Il y a plein d'activité en compétition avec l'avion et avec une heure de route pour le hangar (c'est la misère pour voler à Stockholm), ça se discute en avance. C'est peut-être une différence culturelle avec la France mais je ne me vois pas juste dire à ma femme sur un coup de tête: « Il fait beau, tu gardes les gosses, je vais voler. »
Parfois ça râle que les samedis de « corvées » de club, on ne voit pas grand monde mais ce n'est pas un truc à annoncer une semaine avant sauf si tu ne veux voir que des retraités pas trop actifs.
Le temps est la ressource la plus rare pour les jeunes parents et en 2016, il y a énormément de compétition entre activités et de « zapping », c'est un phénomène générationnel qu'on peut déplorer mais qui est une réalité que notre aviation doit prendre en compte si elle veut se renouveler et surtout garder les pilotes…