SAN...Suite...
Petit retour en arrière pour évoquer une nouvelle aventure, celle du plus gros des Jodel, le
Mousquetaire...
Quérey se mit à rêver...le rêve d'un gros D-117 proportionné à son gabarit, un vrai quadriplace, pratique, sûr et rapide à l'instar des faux quadriplaces du moment acceptant mal la charge au décollage (ndlr toujours d'actualité!!), et n'offrant pas, au sujet du moteur, toute la sécurité nécessaire (allusion au Norécrin avec son moteur Regnier 4L-0, et au Courlis avec son moteur Mathis).
Jean Délémontez, pas vraiment convaincu des arguments de Quérey, mais devant sa volonté et son insistance, Délémontez dessinat les premiers plans, récupérés au fur et à mesure à Beaune, pour
construire au plus vite les éléments à Bernay.
Pressé, Quérey faisait débiter le bois et construisait avant même de recevoir les plans, Délémontez donnait les côtes théoriques.
Le prototype, finalement, à été construit sans plan!! (un peu comme le BéBé Jodel...).
Le 4 juillet 1958, premier vol du N°01, immatriculé
F-BIZE, piloté par Quérey, puis dans la foulée par Léon Biancotto qui termina le vol par un tonneau.
"L'armoire Normande" était une réussite.
Côté performances, le N°01 croisait à 230 km/h, décrochait à 60 km/h, et une autonomie de 1400 Km avec un emport de charge de pratiquement 600kg, avec "seulement" 180 chevaux.
Le D-140 était jugé comme un avion sain pouvant être mis dans toutes les mains en pardonnant beaucoup grâce à son vaste domaine de vol et à ses qualités voilières (ndlr.
Rien à voir avec les fers à repasser d'aujourd'hui...).
Un concours avait été organisé à Bernay, celui de poser le D-140 sur la plus faible distance. L'As était
Robert Géromboux qui réalisa une
distance de seulement 32 mètres de roulage après le toucher des roues...
Le 14 septembre 1958, 36 Jodel décollèrent de Bernay pour un
tour de la Méditerrannée avec Quérey toujours en chef d'escadrille
à bord du
F-BIZE, dans lequel devait se succéder des clients potentiels pour acheter ce nouvel avion.
Les escales ont été
Le Puy, Ajaccio, Bône, Alger, Oran, Oujda, Fés, Rabat, Casablanca, Tanger, Lisbonne, Biarritz et Bernay.
Malgrès les évènements en Algérie, la présentation du D-140 a ramené 30 commandes à la
SAN.
En décembre 1958, deux Jodel D-140 quadriplaces, destinés aux aéro-clubs de
Tananarive et
Tamatave sont convoyés par la voie des airs de Bernay à Tananarive, (seulement cinq mois après le premier vol du prototype) : le
F-OBKR de l'aéro-club de Tamatave piloté par
Jean-Michel Madert, le
F-OBKS de l'aéro-club de Tananarive pilote par
Jean-Pierre Pénette accompagné de son épouse Catherine, suivant l'itinéraire :
Bernay, Le Mans, Toulouse, Perpignan, Oran, Colomb-Béchar, Adrar, Tessalit, Niamey, Zinder, Fort-Lamy, Bangui, Stanleyville, Albertville, Dar Es-Salaam, Mtwara, Moroni, Tananarive. Les avions sont équipés d'un réservoir supplémentaire installé sur la banquette arrière. Le magazine
Sciences et vie de janvier 1959 et l'hebdomadaire
Les ailes du 24 janvier 1959 relatent ce voyage.
F-OBKR au départ de Bernay
Lors du passage au CEV pour l'obtention du CDN, les critiques portaient sur certains détails:
- Freins difficile à doser,
- Position unique le la commande des gaz, (elle est toujours restée unique)
- Absence de cendrier (!),
- Pas de dispositif d'arrimage dans la soute,
- Odeur de gaz d'échappement dans la cabine
Le CEV conclu selon l'appréciation suivante:
"
Le CEV estime que, dans son état actuel, l'avion D-140 possède des performances honorables et des qualités de vol dans l'ensemble supérieure à celles de nombreux appareils en service et qu'il est apte à recevoir son CDN normal " (1959).
Quérey a tenu compte des observations du CEV et apporta les modifications demandées.
Dès le N°2, Quérey apporta une modification que tous les autres D-140 conserveront (sauf le D-140R), c'est le positionnement de la porte du coffre arrière à gauche et non plus à droite. (fermeture contrôlable du pilote qui embarque par la gauche -moins de risque d'oubli-).
Déjà les Mousquetaire invitaient aux grands voyages...
Le 15 mai 1959 M. RJ GODET posait son D-140 à Kuching Sarawak (pour ceux qui ne savent pas où celà se trouve...c'est sur l'ile de Bornéo), soit une navigation de
60 000 km et 300 heures de vol.
Un Jodel avait volé jusqu'en Extrème Orient...une première!
Le 24 décembre 1959, naissance du
D-140B,
Mousquetaire II.
Les modifications portent sur:
- plexi moulé (pare-brise, portes, panoramique),
- nouveau tableau de bord avec casquette en "plastique",
- porte du coffre arrière à gauche,
- haut de la dérive pointue (et non plus arrondie),
- karman de raccordement dérive/fuselage.
Un exemplaire de cette version vola jusqu'au cercle arctique durant l'été 1960.
Les clubs Suédois souhaitaient un avion qui leur permettrait de surveiller les forêts et les troupeaux.
La société AIR MAURITANIE effectua plus de 800 heures de vol sur le désert...
En septembre 1963, sortie du
D-140C Mousquetaire III.
Coup de jeune pour le
Mouss... Nouvelle et fière dérive en flèche (enfin!), nouveaux capots moteur en alu plus épurés, carénages de roue profilés intégrant ceux des jambes de train et amélioration du tableau de bord. (
note de l'admin, ça doit être la machine du rédacteur )
La version "C" a été la plus vendue, et c'est sur celle-ci que fut expérimentée avec succès le remorquage des planeurs.
Au printemps 1965 décolla le
D-140R Abeille N°01
F-BLKK (
toujours en état de vol à Mégève), conçu pour le remorquage des planeurs.
Beaucoup d'innovations sur cette version:
- profondeur monobloc et surface agrandie,
- dérive et gouverne de direction de plus grande surface (corde augmentée),
- volets de courbure plus grands grâce à une profondeur augmentée, construits en alu et partiellement entoilés et coffrés,
- verrière allongée vers l'arrière par abaissement du dôme du fuselage,
- arceaux de sécurité cabine,
- nouveaux profils des ailerons,
- et divers détails...
Le pilote d'essai de l'AEROSPATIALE, Jacques LECARME, jugea cet appareil robuste et tout à fait adapté à la mission pour laquelle il a été étudié.
Mais....pour des raisons sans doute politique, l'Etat acheta des MS 893 Commodore pour les centres de vol à voile.
C'est l'Armée de l'Air qui acheta une vingtaine d'Abeille pour ses centres de vol à voile dès juillet 1966.
La Belgique acheta quelques exemplaires (comme les OO-VVM et VVN).
La cellule du D-140 étant très aboutie au travers de l'Abeille, Délémontez proposa la version D-140E, avec les améliorations de l'Abeille.
Dès 1966, la version D-140E Mousquetaire IV est au catalogue.
Une tentative d'amélioration du niveau sonore dans la cabine a été tentée par la mise en place d'une nouvelle verrière.
celle-ci était constituée de 2 portes s'ouvrant vers l'avant (comme les DR-100) avec double verrouillage de celle-ci (en bas et en haut sur la partie centrale rigide).
Résultat inverse, c'était encore plus bruyant, donc retour à l'ancienne version pour la série.
Cette version "E" fut l'ultime, et les derniers clients ont été les militaires et quelques aéro clubs ou particuliers.
Durant cette période "
Mousquetaire" et dans le même temps,
l'aventure "DR-100" poursuivait sa route...... à suivre !!